Page:Renan - Ma soeur Henriette, Calmann-Levy, 1895.djvu/55

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payerait ce qu’elle pourrait et quand elle pourrait. Ma sœur ne voulait entendre parler de repos que quand tout ce lourd passé serait liquidé. C’est ainsi qu’elle fut amenée à écouter des propositions qui lui furent faites en 1840 pour une éducation particulière en Pologne. Il s’agissait de s’expatrier pour des années et d’accepter la plus rude des sujétions. Mais elle avait fait un bien plus grand effort quand elle quitta la Bretagne pour se lancer dans le vaste monde. Elle partit en janvier 1841, traversa la Forêt-Noire et toute l’Allemagne du Sud couverte de neige, rejoignit à Vienne la famille à laquelle elle s’était attachée, puis, franchissant les Carpathes, arriva au château de Clemensow, sur les bords du Bug, triste demeure où elle devait, durant dix années, apprendre combien l’exil est amer, même quand on a pour le soutenir un motif élevé.