Page:Renan - Ma soeur Henriette, Calmann-Levy, 1895.djvu/61

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vie. Je ne les ai jamais épuisés ; mais ils me donnèrent la tranquillité d’esprit nécessaire pour penser à mon aise et me dispensèrent de me surcharger d’une besogne qui m’eût étouffé. Ses lettres exquises furent, à ce moment décisif de ma vie, ma consolation et mon soutien.

Pendant que je luttais contre des difficultés aggravées par ma totale inexpérience du monde, sa santé souffrait de rudes atteintes par suite de la rigueur des hivers en Pologne. Une affection chronique du larynx se développa et prit, en 1850, assez de gravité pour que son retour fût jugé nécessaire. Sa tâche, d’ailleurs, était accomplie ; les dettes de notre père étaient complètement éteintes, les petites propriétés qu’il nous avait laissées se trouvaient, dégagées de toute charge, entre les mains de notre mère ; mon frère avait conquis par son travail une position qui promet-