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Page:Renan - Ma soeur Henriette, Calmann-Levy, 1895.djvu/70

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depuis un demi-siècle, recueillant tout ce qui se rapportait à notre objet. Ses vues, qu’elle consignait en même temps, étaient d’une rare justesse, et je n’ai eu presque toujours qu’à les adopter. Nous fîmes ensemble, pour compléter nos recherches, un voyage dans le pays où s’est formé l’art gothique, dans le Vexin, le Valois, le Beauvoisis, la région de Noyon, de Laon, de Reims. Elle déployait dans ces recherches, qui l’intéressaient, une surprenante activité. Son idéal était une vie laborieuse, obscure, entourée d’affections. Elle répétait souvent le mot de Thomas A Kempis : in angello, cum libello. Elle coula dans ces tranquilles occupations de bien douces heures. Sa pensée alors était pleinement rassérénée, et son cœur, d’ordinaire inquiet, entrait dans un plein repos.

Sa capacité de travail était prodigieuse. Je l’ai vue, durant des journées entières, ne pas