Page:Renan - Ma soeur Henriette, Calmann-Levy, 1895.djvu/94

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au couvent de Bkerké, où résidait alors le patriarche, au milieu d’évêques d’une agreste simplicité, lui laissa un très agréable souvenir. Au contraire, elle prit en grande aversion les petits commérages européens de Beyrouth, et la sécheresse des villes où domine le type musulman, telles que Saïda. Les grands spectacles dont elle fut témoin à Tyr l’enchantèrent ; du haut pavillon qu’elle occupait, elle était à la lettre balancée par la tempête. La vie nomade, à la longue si attrayante, lui était devenue chère. Ma femme inventait chaque soir des prétextes pour la décider à ne pas rester seule dans sa tente ; elle cédait en résistant un peu ; elle se plaisait en cette étroite et commune atmosphère, près de ceux qui l’aimaient, au milieu de la sauvage immensité.

Mais ce fut surtout son voyage en Palestine qui la passionna. Jérusalem, avec ses souvenirs incomparables, Naplouse et sa belle