Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/400

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

loyaux envers l’empire, sont les seuls hommes que l’on persécute pour leur croyance[1]. Et encore, si on se contentait de leur enlever les biens et la vie ! Mais ce qu’il y a de plus insupportable, ce sont les calomnies officielles dont on les accable, athéisme, repas de chair humaine, incestes.

Si les chrétiens sont coupables d’athéisme, les philosophes sont coupables du même crime. Les chrétiens admettent cette intelligence suprême, invisible, impassible, incompréhensible, qui est le dernier mot de la philosophie. Pourquoi leur faire un reproche de ce qu’on loue chez les autres ? Ce que disent les chrétiens du Fils et de l’Esprit complète la philosophie, ne la contredit pas. Le fils de Dieu, c’est le Verbe de Dieu, raison éternelle de l’esprit éternel. Les chrétiens rejettent les sacrifices, les idoles, les fables immorales du paganisme. Qui peut les en blâmer ? Les dieux ne sont le plus souvent que des hommes déifiés[2]. Les miracles de guérison qui se font dans les temples sont l’ouvrage des démons[3].

Athénagore n’a pas de peine à démontrer que les crimes contre nature qu’on reproche aux chrétiens n’ont aucune vraisemblance. Il affirme la pureté par-

  1. Athén., Legatio, 1, 2.
  2. Ibid., 28, 29, 30.
  3. Ibid., 24-27.