Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/424

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vaincus de fausser la doctrine apostolique ; les différentes écoles gnostiques sont de plus en plus repoussées du sein de l’Église générale. Il y a donc quelque chose qui n’est ni le montanisme, ni le marcionisme, ni le gnosticisme, qui est le christianisme non sectaire, le christianisme de la majorité des évêques, résistant aux hérésies et les usant toutes, n’ayant, si l’on veut, que des caractères négatifs, mais préservé par ces caractères négatifs des aberrations piétistes et du dissolvant rationaliste. Le christianisme, comme tous les partis qui veulent vivre, se discipline lui-même, retranche ses propres excès. Il joint à l’exaltation mystique un fonds de bon sens et de modération, qui tuera le millénarisme, les charismes, la glossolalie, tous les phénomènes spirites primitifs. Une poignée d’exaltés, comme les montanistes, courant au martyre, décourageant la pénitence, condamnant le mariage, n’est pas l’Église. Le juste milieu triomphe ; il ne sera donné aux radicaux d’aucune sorte de détruire l’œuvre de Jésus. L’Église est toujours d’opinion moyenne ; elle est la chose de tout le monde, non le privilège d’une aristocratie. L’aristocratie piétiste des sectes phrygiennes et l’aristocratie spéculative des gnostiques sont également déboutées de leurs prétentions. Il y a dans l’Église les parfaits et les imparfaits ; tous peuvent en faire partie. Le