Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/470

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La Dalmatie était évangélisée[1]. Lyon, Vienne avaient des colonies chrétiennes composées d’Asiates et de Syriens, se servant du grec, mais exerçant leur apostolat sur les populations voisines qui parlaient latin ou gaulois[2]. Le monde gallo-romain et hispano-romain, néanmoins, était, en réalité, à peine entamé. Un polythéisme local très superstitieux devait offrir dans ces vastes continents une masse bien difficile à percer.

La Bretagne avait sans doute déjà vu des missionnaires de Jésus. Ses prétentions à cet égard sont fondées beaucoup moins sur les fables dont l’île des Saints, comme toutes les grandes chrétientés, entoura le berceau de sa foi[3], que sur un fait capital, savoir l’observance de la pâque selon le rite quarto-déciman, c’est-à-dire à l’ancienne façon de l’Asie Mineure[4]. Il est possible que les premières Églises de Bretagne aient dû leur origine à des Phrygiens, à des Asiates, comme ceux qui fondèrent les Églises de

    pareil cas, est synonyme de « curé » ; toute paroisse avait un évêque.

  1. II Tim., 4, 9. Cf. Tit., iii, 12.
  2. Ce sont là ces barbares qui croient en Christ, « ayant le salut écrit dans leur cœur par le ministère de l’Esprit, sans papier ni encre », dont parle Irénée, III, iv, 2.
  3. Gildas, ch. vi, vii ; Bède, l. I, ch. iv.
  4. Voir ci-dessus, p. 204 ; Bède, l. II, ch. ii et suiv.