Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/510

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considérable que sous Antonin et Marc-Aurèle[1]. Tant il est vrai qu’entre les maximes romaines et le christianisme la guerre était à mort. Dèce, Valérien, Aurélien, Dioclétien, qui essaieront de relever les maximes de l’empire, seront amenés à être d’ardents persécuteurs, tandis que les empereurs étrangers au patriotisme romain, tels qu’Alexandre Sévère, Philippe l’Arabe, les césars de Palmyre, se montreront tolérants[2].

Avec un principe moins désastreux que celui d’un despotisme militaire sans frein, l’empire, même après la ruine du principe romain par la mort de Marc-Aurèle, aurait pu vivre encore, donner la paix au christianisme un siècle plus tôt qu’il ne le fit, éviter les flots de sang que versèrent en pure perte Dèce et Dioclétien. Le rôle de l’aristocratie romaine était fini ; après avoir usé la folie au ier siècle, elle avait usé la vertu au deuxième. Mais les forces cachées de la grande confédération méditerranéenne n’étaient pas épuisées. De même que, après l’écroulement de l’édifice politique bâti sur le titre de la famille d’Auguste, il se trouva une dynastie provinciale, les Flavius, pour relever l’empire ; de même, après l’écroulement de l’édifice bâti par les adop-

  1. Eusèbe, V, ch. xxi.
  2. Voir les Évangiles, p. 392 et suiv., 399, 404.