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défaveur qui frappait les secondes noces[1]. On les envisageait comme un adultère convenablement déguisé[2]. Dans la question du divorce, où certaines écoles juives avaient porté un relâchement blâmable[3], on ne se montrait pas moins rigoriste[4]. Le mariage ne pouvait être rompu que par l’adultère de la femme[5]. « Ne pas séparer ce que Dieu a uni » devint la base du droit chrétien[6].

Enfin l’Église se mettait en pleine contradiction avec le judaïsme, par le fait de considérer le célibat, la virginité, comme un état préférable au mariage[7]. Ici, le christianisme, précédé du reste en cela par

  1. Saint Paul, p. 244-245. Cf. Philos., IX, 12.
  2. Εὐπρεπὴς μοιχεία. Athénagore, Leg., 33 ; Theoph., Ad Autol., III, 15 ; Minucius Félix, 31 ; Tertullien, De monogamia.
  3. Jos., Ant., IV, viii, 23 ; XVI, vii, 3 ; Mischna, Eduioth, ii, 7. Akiba en était venu, dit-on, à permettre le divorce au mari qui trouvait une autre femme plus agréable que la sienne. Cf. Matth., xix, 3.
  4. Matth., v, 31-32 ; xix, 3 et suiv. ; Marc, x, 4 et suiv. ; Luc, xvi, 18 ; I Cor., vii, 10 et suiv., 39 ; Rom., vii, 2 et suiv.
  5. Cette restriction ne se trouve que dans le texte de Matthieu. L’Église catholique a réussi, à force de subtilités, à s’en débarrasser.
  6. Les prophètes, précurseurs du christianisme, avaient fait opposition au divorce comme à la polygamie. Malach., ii, 13 et suiv. Rome, ici encore, donna l’idéal du mariage austère : Val. Max., II, i, 4 ; Denys d’Halic., II, 25 ; Plutarque, Quæst. rom., 14.
  7. Saint Paul, p. 244 ; saint Cyprien, De habitu virg., 22, 23.