Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/637

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dans sa main ; une foule de gens vivaient de ses faveurs. Paul était un homme brillant, peu mystique, mondain, un grand seigneur profane, cherchant à rendre le christianisme acceptable aux gens du monde et à l’autorité. Les piétistes, comme on devait s’y attendre, le trouvèrent hérétique et le firent destituer. Paul résista et refusa d’abandonner la maison épiscopale. Voilà par où sont prises les sectes les plus altières ; elles possèdent, or qui peut régler une question de propriété ou de jouissance, si ce n’est l’autorité civile ? La question fut déférée à l’empereur, qui était pour le moment à Antioche, et l’on vit ce spectacle original d’un souverain infidèle et persécuteur chargé de décider qui était le véritable évêque. Aurélien montra, dans cette circonstance, un bon sens laïque assez remarquable. Il se fit apporter la correspondance des deux évêques, nota celui qui était en relation avec Rome et l’Italie, et conclut que celui-là était l’évêque d’Antioche.

Le raisonnement théologique que fit, dans cette circonstance, Aurélien prêterait à bien des objections ; mais un fait devenait évident, c’est que le christianisme ne pouvait plus vivre sans l’empire, et que l’empire, d’un autre côté, n’avait rien de mieux à faire que d’adopter le christianisme comme sa religion. Le monde voulait une religion de congrégations,