Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/97

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combien elle est supérieure aux opinions philosophiques et théurgiques du temps. Saint Pierre n’est plus l’apôtre galiléen que nous connaissons par les Actes et les lettres de Paul ; c’est un polémiste habile, un philosophe, un maître homme, qui met toutes les roueries du métier de sophiste au service de la vérité. La vie ascétique qu’il mène, sa rigoureuse xérophagie[1] rappellent les esséniens. Sa femme voyage avec lui comme une diaconesse[2]. Les idées que l’on se faisait de l’état social au milieu duquel vécurent Jésus et ses apôtres étaient déjà tout à fait erronées[3]. Les données les plus simples de la chronologie apostolique étaient méconnues.

Il faut dire, à la louange de l’auteur, que, si sa confiance dans la crédulité du public est bien naïve, il a du moins une foi dans la discussion qui fait honneur à sa tolérance. Il admet très bien qu’on peut se tromper innocemment. Parmi les personnages du roman, Simon le Magicien seul est tout à fait sacrifié. Ses disciples Apion[4] et Anubion représentent, le premier, l’effort pour tirer de la mythologie quelque chose de religieux ; le second, la sincérité

  1. Homél., xii, 6, 7.
  2. Ibid., xiii, 11.
  3. Ibid., i, 8, 9.
  4. Il s’agit d’Apion Plistonice, le célèbre ennemi des juifs. Homél., iv, 7 ; v, 2, 27.