Page:Renan - Melanges Histoires et Voyages,Calmann,1878.djvu/117

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l’avenir. La Sicile est une motte de terrain aurifère non encore lavée. Après avoir aimé la science, la jeunesse de Sicile voudra sérieusement la cultiver. Nul pays catholique, si l’on excepte la Hongrie, n’est plus près d’une réforme religieuse. Nul pays, la Hongrie et la Croatie toujours exceptées, n’a un clergé moins fanatique, plus fondu dans la population, plus dégagé des liens d’un parti étranger. La Sicile a pu un moment être une difficulté pour l’Italie ; elle deviendra un des plus beaux joyaux de sa couronne et une des principales sources de sa prospérité.

L’état révolutionnaire où la Sicile a été pendant plus de cinquante ans a dissipé beaucoup de forces vives. Cet état, à plusieurs égards justifié, touche à son terme. Le détestable gouvernement que la Sicile a eu depuis le commencement de ce siècle ne pouvait provoquer que la révolution. Les divers mouvements qui se sont succédé ont été essentiellement nationaux, tous ont été faits avec l’appui de la noblesse. Che fanno i signori ? était la première question que le peuple s’adressait. À l’heure qu’il est, deux vérités sont incontestables. Politiquement parlant, les Bourbons n’ont pas en Sicile un seul partisan sérieux. Il y a dans certaines parties de l’opinion publique une opposition vive, à peine y a-t-il une trace de parti radical. L’idée que la Sicile puisse former une république indépendante est le rêve de quelques esprits, mais ce n’est rien de plus qu’un rêve. Dans la pratique, tous sont d’accord pour maintenir l’état de choses actuel, état imposé par la meilleure des raisons, une évidente nécessité.

On ne peut nier que le banditisme, ou plutôt un état d’insubordination locale, ait existé dans les provinces de l’Ouest et y ait produit des actes regrettables. Il ne faut