Page:Renan - Melanges Histoires et Voyages,Calmann,1878.djvu/152

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portance politique, le nom de Ninive cessa de s’appliquer à des bourgades, éloignées l’une de l’autre de six à huit lieues ; ainsi on s’explique que Xénophon n’ait pas entendu prononcer ce nom. Si plus tard, à l’époque des Arsacides et des Sassanides, on retrouve une ville de Ninive, jouant un rôle considérable, et dont il est souvent fait mention chez les historiens et les géographes grecs et latins c’est sans doute, une fondation nouvelle, à laquelle, par des vues de politique ou d’archéologie, on aura donné le nom de l’ancienne dominatrice de l’Orient. Il s’en faut toutefois que l’on soit en droit de conclure, avec M. Hœfer, de cette solution de continuité entre les deux Ninives, que l’une n’eût rien de commun avec l’autre, que l’ancienne Ninive fût située près de l’Euphrate, que l’Assyrie ne se soit jamais étendue à l’orient du Tigre, que les monuments récemment découverts appartiennent à l’époque des Achéménides, des Arsacides ou même des Sassanides. Tous les efforts de cet ingénieux érudit n’ont pu ébranler l’opinion universellement accréditée, qui place Ninive sur la rive gauche du Tigre, en face de Mossoul, et, en dépit de ses arguments, il est probable que bien longtemps encore on continuera à voir, dans les précieux débris découverts par MM. Botta et Layard, les restes d’un art véritablement assyrien.

Ninive, ou, si l’on aime mieux, Nimroud, Koyounjik et Khorsabad, ne sont pas les seules localités où se rencontrent les monuments de cette espèce. On les retrouve à chaque pas sur tout le cours supérieur du Tigre et dans un rayon étendu autour de Mossoul, à Bavian, Schomamok, Abou-Kamira, Arban, etc. Partout ils se présentent sous un aspect uniforme. Ce sont d’immenses