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L’INSTRUCTION PUBLIQUE EN CHINE. 379

dialectes plus populaires encore, l'hindoustani, le bengali et les autres idiomes vulgaires de l’Indoustan, doni le système est beaucoup moins savant[1].

Dans la région intermédiaire de l’Inde au Caucase, le zend, le pehlvi, le parsi[2] ou persan ancien, sont remplacés par le persan moderne. Or le zend, par exemple, avec ses mots longs et compliqués, son manque de prépositions et sa manière d’y suppléer au moyen de cas formés par flexions, représente une langue éminemment synthétique.

Dans la région du Caucase, l’arménien et le géorgien modernes succèdent à l’arménien et au géorgien antiques. En Europe, l’ancien slavon, le gothique, le nordique se retrouvent au-dessous des idiomes slaves et germaniques. Enfin, c’est de l’analyse du grec et du latin, soumis au travail de décomposition des siècles barbares, que sortent le grec moderne et les langues néo-latines. Les langues sémitiques présentent une marche analogue. L’hébreu, leur type le plus ancien, montre une tendance marquée à accumuler l’expression des rapports, et souvent il les laisse dans l’indétermination. « Les Hébreux, semblables aux enfants, dit Herder, veulent tout dire à la fois. Il leur suffit presque toujours d’un seul mot où il nous en faut cinq ou six. Chez nous, des monosyllabes inaccentués précèdent ou suivent en boi-

  1. L’hindoustani, par exemple, n’a plus que six cas et deux nombres. Sa conjugaison est beaucoup moins riche que celle du sanscrit, et il n’a plus de flexions pour exprimer diverses relations, comme celle du comparatif.
  2. Le parsi est encore parlé par les Guèbres, mais seulement entre eux ; car pour tout l’usage vulgaire ils prennent la langue du pays où ils vivent.