Aller au contenu

Page:Renan - Melanges Histoires et Voyages,Calmann,1878.djvu/449

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LES CONGRÈS PHILOLOGIQUES. 423

les résultats étant acquis, les monographies devenues inutiles ne seront conservées que comme souvenirs. Quand l’édifice est achevé, il n’y a pas d’inconvénient à enlever l’échafaudage qui fut nécessaire à sa construction. Ainsi le pratiquent les sciences physiques. Les travaux approuvés par l’autorité compétente y sont faits une fois pour toutes et adoptés de confiance, sans que l’on s’impose de revenir, si ce n’est rarement et à de longs intervalles, sur les recherches des premiers expérimentateurs. C’est ainsi que des années entières d’études assidues se sont parfois résumées en quelques lignes ou quelques chiffres, et que le vaste ensemble des sciences de la nature s’est fait pièce à pièce, avec une admirable solidarité de la part de tous les travailleurs. La délicatesse beaucoup plus grande des recherches philologiques ne permettrait pas sans doute l’emploi rigoureux d’une telle méthode. Il sera urgent, néanmoins, que ces études se résument et se centralisent, et, pour atteindre ce but, des sociétés et des congrès littéraires ne seraient certes pas inutiles.

Les fragments relatifs à la philologie en général, lus aux divers congrès, contiennent des vues ingénieuses sur la portée et l’avenir de cette science. MM. Bensen. Thiersch, Dœll, Kreuser, aux congrès de Nuremberg, Manheim et Bonn, envisagèrent surtout la question au point de vue de l’éducation, et s’alarmèrent du danger que font courir à ces études les tendances industrielles et utilitaires de l’époque ; trop peut-être, car, en admettant que le XIXe siècle soit plus préoccupé que les autres des intérêts matériels, il ne semble pas qu’il le cède à aucun temps pour la curiosité intellectuelle et le besoin de remuer les idées. La somme d’activité ayant augmenté, il