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458 MÉLANGES D'HISTOIRE.

pour professeur de rhétorique en 1815 ; M. de Rémusat fit toutes ses études au lycée Napoléon sous sa direction et en recevant de lui des soins particuliers.

Ce serait méconnaître ce qui fit la véritable grandeur de M. Le Clerc que de prétendre qu’à cette époque il fût exempt des défauts de l’école d’où il sortait. Respectueux pour ses maîtres, M. Le Clerc adopta d’abord tout d’une pièce la discipline qui lui fut enseignée. Sauveurs courageux des épaves d’un monde disparu, les fondateurs de l’Université de France, à côté de rares qualités, d’un goût vif pour les études classiques, d’un sentiment des humanités qui était presque une foi, offraient dans leur culture intellectuelle des lacunes qui venaient moins de leur faute que des défauts du temps. La langue et la littérature grecques étaient peu comprises ; le travail de critique des textes était négligé ; l’histoire s’enseignait selon des doctrines trop absolues ; l’éducation se donnait comme si tous les élèves eussent été destinés à être des hommes de lettres ou des professeurs. M. Victor Le Clerc entra d’abord dans cette tradition. Ses premiers essais furent profondément empreints de l’esprit du moment. On croyait trop alors à la poésie que les académies encouragent et récompensent. Hésitant sur sa vocation, M. Le Clerc cueillit quelques-unes de ces palmes dont lui-même plus tard sembla peu se soucier. Des jeux littéraires alors fort à la mode le tentèrent, et l’on n’est pas peu surpris d’avoir à compter au nombre des œuvres de l’infatigable érudit un poëme en vers grecs du dialecte éolien dédié à madame de Rémusat : Lysis, poëme trouvé par un jeune Grec sous les ruines du Parthénon et traduit en vers français par l’éditeur, et sous ce titre : De