Page:Renan - Melanges Histoires et Voyages,Calmann,1878.djvu/60

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son territoire propre ; aucun monument de la cinquième dynastie ne devrait se trouver sur le territoire de la sixième, ni réciproquement. Or les fouilles de M. Mariette ont révélé des monuments de la cinquième dynastie à la fois à Éléphantine et à Sakkara, et des monuments de la sixième à la fois à Sakkara et à Éléphantine. Si l’on en croyait les partisans des dynasties simultanées, la quatorzième dynastie, originaire de Xoïs, aurait été contemporaine de la treizième, originaire de Thèbes. Or M. Mariette a trouvé des colosses de la treizième dynastie à Sân, à quelques kilomètres seulement de Xoïs, ce qui suppose notoirement que la dynastie thébaine qui les fit élever possédait la basse Égypte. M. Mariette pense que de nombreux faits de ce genre démontreront un jour avec évidence que les quatorze premières dynasties de Manéthon représentent une suite chronologique aussi rigoureuse que les règnes de l’époque postérieure aux Pasteurs.

Est-ce à dire que le tissu de l’histoire égyptienne soit pour cette antique période aussi solide que pour les temps qui suivent ? Non certes. Il y a quatre dynasties dont on n’a pas de monuments, la septième, la huitième, la neuvième et la dixième. La septième et la huitième ont été de courte durée ; quant à la neuvième et à la dixième, elles ont régné à Héracléopolis (Ahnas), où l’on n’a jamais fait de fouilles. M. Mariette espère que des recherches en cet endroit lui rendront de précieux débris. Qu’obtient-on d’ailleurs par ces éliminations, qui ont au moins l’inconvénient d’être arbitraires ? Des réductions relativement insignifiantes. M. Brugsch réduit le chiffre de Manéthon de cinq cents ans, M. Lepsius de quatorze cents. Pour