Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/100

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nouf, le premier de tous. J’y avais bien pensé, mais je ne sais si, indépendamment de ce conseil, je m’y fusse décidé, tant la convenance d’une pareille démarche me paraissait suspecte. Enfin je l’ai hasardée, et M. Burnouf y a consenti avec le plus grand empressement. Comme il est à la campagne, j’ai dû lui faire passer ma requête, et c’est aujourd’hui que je dois la recevoir. J’espère que je l’aurai avant l’heure du courrier et qu’ainsi je pourrai t’en parler. Les choses en sont là, chère amie. Tout cela va un peu lentement, mais au fond j’ai bon espoir, et je trouve que l’affaire prend une fort bonne couleur.

J’ai commencé à agiter avec les personnes compétentes une autre question importante, celle de mes thèses de docteur. J’en ai d’abord parlé à M. Garnier, qui m’a ensuite procuré la visite de M. Le Clerc. Je suis très content de cette dernière, chère amie ; je l’avais longtemps différée, parce que je désirais être précédé par quelque chose. Le témoignage de l’Institut et la recommandation de M. Garnier ont été plus qu’il n’en fallait. Nous avons longuement discuté ensemble les sujets des thèses. Le doyen a préféré ceux que je préférais moi-même, c’est-à-dire : les études grecques chez les Syriens, pour la thèse latine, et la philosophie rationnelle chez les peuples sémitiques, pour la thèse française. Je suis presque fâché pour le second, tant il est dangereux, et je suis à cet égard dans un grand embarras. Le choix des thèses qui d’ordinaire est si libre et si large est