Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/125

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manuscrits, et à mon retour j’ai passé à Avranches deux journées que j’ai employées presque uniquement à compulser ces précieux monuments. Mon attente n’a pas été trompée, j’ai même fait des découvertes tout à fait inattendues, et auxquelles, je crois, on n’aurait guère songé. Ainsi par exemple, j’ai rencontré un ouvrage inédit du célébré helléniste et philosophe Jean Scot Erigène, qui vivait du temps de Charles le Chauve, un autre manuscrit avec des gloses autographes de ce même personnage, un dictionnaire grec-latin totalement inconnu, du xe siècle, et ce qu’il y a de plus curieux peut-être, la copie d’un thème grec de quelque écolier du xie siècle, servant de couverture à un manuscrit. J’ai transcrit ce curieux document, remarquable par les solécismes et les barbarismes qui lui donnent un nouveau prix, et nous introduisent, pour ainsi dire, dans les écoles du temps. Ces documents joints à une foule d’autres également précieux, sont, je crois, de nature à assurer à mon travail un rang à part. — Tous les ouvrages doivent être remis au 1er avril. Je n’emploierai pas tout le temps qui doit s’écouler jusque-là à ce travail, et je pourrai avancer en même temps les recherches de mes thèses. Toutefois il est encore douteux pour moi si je pourrai en exécutant ce travail, et me préparant à l’agrégation et commençant l’étude du sanscrit, achover et surtout faire imprimer mes thèses avant ce concours. C’est là, je l’avoue, un inconvénient, qui renverse