Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/273

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latitude  ; cependant les froids rigoureux ne peuvent plus tarder : j’ai vu une fois, à la Toussaint, treize degrés Réaumur au-dessous de zéro.

Que de soucis, mon Ernest, que de tracasseries tu as eus à supporter avec ces bureaux de l’Instruction Publique ! Pauvre cher ami ! il faut donc que ton entrée en ce monde soit obstruée de milliers d’épines ! et n’était ta haute prudence, ton admirable capacité, il y en aurait encore bien d’autres ! Tes décisions et ton plan sont remplis de sagesse ; je ne sais en quoi on y pourrait trouver à redire. — J’apprends avec une grande joie, cher ami, que ta vie d’intérieur s’est améliorée ; mais prends garde d’avoir cherché de riantes couleurs pour calmer des appréhensions que tu sais, j’en suis sûre, justement pressentir. Du feu dans ta chambre, je t’en supplie, mon Ernest bien-aimé. Quels arrangements y a-t-on faits pour qu’elle soit moins froide ? La cheminée y est-elle bonne ?… Au nom de ta vieille sœur, chauffe-la au moins tous les soirs. — je vois que pour la table tu es dans la situation où j’étais la dernière année que j’ai passée à l’institution de la rue Saint-Jacques. Ces tables d’exception sont ordinairement bien servies dans de pareils établissements ; du moins celle où je m’asseyais l’était-elle à un haut point. Puisse-t-il en être ainsi pour toi, mon bon et si cher ami ! — je suis tout heureuse de ce que tu me racontes relativement à ton entrevue avec M. Cousin ; tes joies me font tant de bien, et j’ai