Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/328

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plus coquet ni de plus commode. Il se compose de trois pièces, chambre, cabinet A coucher, cabinet de décharge. Eh bien ! croirais-tu que j’ai encore le cœur gros d’avoir quitté les murs nus et la table de bois de ma pauvre chambre, et que j’ai une forte tentation, si après le congé je reviens A Paris, de la reprendre ? J’y ai tant vécu, j’y ai pensé et senti tant de choses ! M. Crouzet a été parfait, et chose merveilleuse, que j’avais toujours regardée comme impossible, nous nous sommes quittés on très bonne intelligence. Il a voulu que je laisse la partie de ma bibliothèque et de mes objets qui ne me sont pas ici nécessaires. Voilà donc une démarche importante accomplie, excellente sœur. Bien que le résultat définitif en soit encore douteux, il n’y avait pas, ce me semble, à hésiter. Mon travail actuel, bien loin de souffrir de ce changement, ne fera que gagner au calme et au repos que1 je vais goûter ici. Versailles est en été le plus ravissant séjour, M. Bersot m’a fait remettre sa clef des parterres réservés ; on y est comme dans un jardin particulier. J’ai déjâ fait la classe toute la semaine dernière, en faisant le double voyage, et je suis fort satisfait de mes élèves, ainsi que des procédés de MM. du lycée.

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Adieu, délicieuse amie, que j’aurais besoin de ta douce compagnie  ! Ce changement de vie m’attriste beaucoup. Et puis le départ de notre frère me laisse un vide pénible. J’ai oublié de te dire qu’il est parti hier matin pour le Havre. Il sera