Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/336

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d’égards* je prendrai part très volontiers à ce travail, pour les parties où mes opinions concorderont avec la rédaction générale, et en morale cela à lieu presque sur tous les points. M. Cousin est un esprit d’une extrême finesse et d’une admirable critique, mais un peu timide, quand il s’agit de créer. Il voudrait purement et simplement le catéchisme chrétien appuyé sur la raison. Eh bien ! nous autres, de la Liberté de Penser, ne pouvons nous arrêter là, et disons que, quant à prendre le christianisme, mieux vaut le prendre tout d'une pièce, tel que le donne l’Église, appuyé sur la révélation, etc., que de se faire un christianisme à sa guise, une trinité de fantaisie, une incarnation de même nature, etc. Voilà bien un peu ce que fait M. Cousin, et ce qui ne réussit à contenter personne. Mais il y a dans cet homme une ardeur philosophique vraiment admirable : ou dirait un jeune homme qui aspire pour la première fois la vie de l’esprit. Il ne rêve plus qu’à sa nouvelle entreprise, et nous réunit à tout propos pour nous on parler.


Jeudi, 17 mai

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Voilà encore des nouvelles de l’étranger qui m’atterrent, excellente amie. Au nom du ciel, si tu ne m’as pas écrit, ne tarde pas un instant à le faire. On dit que la grande ligne de chemin de fer qui nous aurait réunis en si peu de jours