Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/369

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pensable pour pourvoir, en cas de non réussite, [à mon] placement l’an prochain.

Quant à mon voyage de Saint-Malo, Dieu me pardonne  ! le voilà encore bien risqué, surtout si le projet ne réussit pas. Car alors il faudra rester ici pour de nouvelles démarches. Ah ! quel supplice ! J’espère pourtant trouver quinze jours ou trois semaines à donner à notre mère. Les affaires pour mon livre allaient à merveille. Mon spécimen a fait sensation  ; il a été reproduit en partie, avec éloges et commentaires, par le Semeur, revue sérieuse par excellence. J’ai parlé à Joubert, qui a paru très disposé à prendre le manuscrit, me l’a même promis, si la prochaine rentrée relève un peu la librairie. Je t’affirme que ce livre se vendra et que nous ne ferions peut-être pas une mauvaise affaire en le faisant publier à mes frais. Enfin, nous verrons. L’essentiel est que cette affaire d’Italie se décide le plus tôt possible.


14 aout.

Je ne rêve qu’à la bienheureuse lettre d’hier. Il est donc vrai, amie, que je vais te posséder, que nous allons vivre ensemble, que je ne serai plus seul, que j’aurai une maison ! Oh ! que ne ferais-je pour cela ? Sois assurée que nous trouverons bien moyen de couvrir nos frais courants sans entamer notre fonds, si ce n’est aux mauvais jours. J’ai bien vécu cette année de mes six