Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/384

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Adieu, ma bien-aimée. La fatigue me force d’abréger. J’ai visité avec plaisir les environs de Lyon, très pittoresques et très caractérisés. L’aspect montueux de ce pays, surtout de Roanne à Tarare, m’a vivement impressionné. Notre Bretagne et en général nos régions du Nord et de l’Ouest ne m’avaient rien révélé d’analogue à cet horizon dentelé et à ces coupes de terrain variées et irrégulières. Adieu, bonne amie, une lettre le plus tôt possible.

Ton bon ami,
E. R.


MADEMOISELLE RENAN
chez M. le comte André Zamoyski, Nouveau-Monde, Varsovie, Pologne.


Rome, 12 novembre 1849.

Enfin, ma bien-aimée, après des retards qui sont encore pour moi inexplicables, j’ai reçu tu lettre du 5 octobre. Mon inquiétude commençait à être sérieuse. Je m’expliquais que je n’eusse pu recevoir ta réponse avant mon départ de France, mais comment ne m’avait-elle pas devancé à Rome durant nos longues pérégrinations dans le Midi ? Comment plus de quinze jours s’écoulèrent-ils sans rien recevoir ? Tous les jours j’allais au bureau de la place Colonne, mais je n’en rapportais que l’impitoyable Niente. Mademoi-