Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans cesse : Patience, patience ! mais qu’y faire, quand c’est en effet le seul moyen de se frayer une voie honorable ? Un jour, espérons-le, bonne amie, nous éprouverons une grande et douce joie, en nous rappelant les sacrifices par lesquels nous aurons acheté quelques instants de bonheur. En attendant, ma chère Henriette, soutenons-nous en nous aimant et nous encourageant l’un l’autre ; pour moi, il me semble que rien ne saurait m’arrêter, tant que je pourrai recevoir de toi ces conseils et ces bonnes paroles qui portent la vie et la joie jusqu'au fond de mon cœur. Adieu, bonne amie, tu connais la tendresse sincère et sans bornes de ton frère et ami.

E. RENAN.


MONSIEUR RENAN,
Rue des Deux-Églises, 8, à Paris (France).


Dresde, 29 décembre 1846.

Je viens encore te tourmenter, très cher ami ; mais cette fois du moins je ne pousserai la tracasserie qu’à moitié, car je commence par te supplier de ne point me répondre, de ne pas détourner en taa faveur un seul des instants que tu emploies si utilement, si bien, et qui sont d’une si grande valeur dans la conjoncture où tu te trouves. Dieu me préserve de mettre jamais ma propre satisfaction en parallèle avec tes plus visibles intérêts ! — Ceci posé, mon Ernest, je te demande