Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/80

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de la commission, et a semblé agréer avec plaisir la proposition que je lui ai faite de lui porter le manuscrit, quand il serait à ma disposition. Veux-tu que je te dise toute ma pensée, chère amie ? je ne puis expliquer les divers traits de la conduite de M. Quatremère jusqu’ici à mon égard, et spécialement cette affectation qu’il mmettait à m’éloiguer en quelque sorte de ces études, et à me déclarer qu’elles ne pouvaient mener à rien, qu’en supposant qu’il a des vues sur quelqu’un, et qu’il verrait avec peine quoiqu’un qui pût entraver son candidat favori. Toutefois d’autres faits me prouvent aussi que ce choix ne doit point être chez lui entièrement arrêté, et j’ai la certitude qu’il ne l’a point manifesté dans le monde savant, puisque M. Reinaud, qui doit être le plus versé dans ces matières, m’a encore assuré de la manière la plus expresse qu’il ne voyait personne qui pût présenter un titre à comparer au mien.

Reste toujours, chère amie, la grave difficulté dont je t’ai parlé dans ma dernière lettre, et qui préoccupe toutes mes pensées. Tronquer mes résultats critiques me coûtera toujours outre mesure, d’autant plus que l’exposition nette et pleine de ma pensée, dans les formes modérées et respectueuses dont je ne sortirai jamais, sera, je le vois maintenant mieux que jamais, le moyen le plus sûr de m’acquérir les suffrages qui sont à mes yeux les plus honorables. D’autre part, M. Reinaud ne cesse de me prêcher le système