Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

satisfaisantes, sauf relativement au petit Henri, qui reste toujours très faible. — Mes longues narrations m’empêchent de causer plus longuement avec toi de plusieurs autres sujets importants. Adieu, chère amie ; j’attends incessamment une lettre de toi, je ne sais où te trouvera cette lettre ; puisse-t-elle au moins te causer quelque joie, et le faire comprendre toute l’affeclion et le dévouement de ton frère et ami,

E. RENAN.


13 avril, au matin.

Je reviens à l’instant d’une conférence gratuite de philosophie, dirigée par M. Jacques, un des meilleurs professeurs de Paris, a laquelle M. Egger m’a procuré entrée. On y a longuement parlé du nouveau projet de loi lu hier à la Chambre, et dont j’ai été prendre connaissance au cabinet de lecture. C’est incroyable, chère amie. Tout est bouleversé. La philosophie surtout est équivalemment rayée de l’enseignement, par l’arrêt du Conseil d’État qui accompagne ce projet. Tous les membres de la conférence ont paru mettre en question s’il valait la peine désormais de se préparer à l’agrégation. Et ce qu’il y a de pis, c’est que M. Cousin, dit-on, est résolu de donner les mains à ce fatal arrangement. Tout cela me fait beaucoup réfléchir. Je t’en parlerai, quand tout sera mieux dessiné.