Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/85

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passé pour moi depuis ma dernière lettre. J’ai revu diverses fois M. Reinaud, qui m’a procuré plusieurs connaissances scientifiquement utiles, entre autres celle d’un savant allemand dont les écrits m’avaient beaucoup servi, et qui se trouve actuellement à Paris. Je ne répands point trop la nouvelle du résultat du concours, je préfère la laisser obtenir auparavant une publicité officielle. Une heureuse circonstance m’a préparé les voies, il y a quelques jours, pour la démarche que je compte faire au ministère. M. Egger m’y avait fait recommander, sans m’en rien dire, et j’ai été fort surpris lorsque j’ai reçu samedi dernier l’invitation de me rendre aux bureaux de l’Instruction secondaire. Il s’agissait de me proposer une chaire de rhétorique au collège de Vendôme. Les conditions qu’on y ajoutait relevaient beaucoup l’importance de cette offre. Car bien que cet établissement ne dépende pas directement de l’Université, la présentation des places a été dévolue au ministère ; et j’y aurais été comme membre de l’Université. Sur ce point donc, je n’avais rien à craindre, et à vrai dire de toutes les propositions qui m’avaient été faites jusqu’ici, celle-ci était de beaucoup la plus avantageuse. Mais j’ai tenu ferme à nos principes, chère amie ; j’ai déclaré que je ne pouvais accepter, et j’ai profité de l’occasion pour en exposer les motifs, et expliquer la nécessité où j’étais de demeurer a Paris. Mes raisons ont été goûtées, et l’on m’a conseillé de persister dans mon plan, tout en