Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/89

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et les spectateurs, de ce vernis de bon goût qui ne se trouve qu’à Paris, et dans la société lettrée avec un cachet spécial. Ce n’est pas ce qu’on peut appeler le ton du grand monde ; au contraire, l’homme du monde trouverait cette manière pédante, vieillie, ennuyeuse. C’est quelque chose de beaucoup moins arbitraire que ce qui constitue la mode, résultant d’un degré avancé de culture intellectuelle, bien plus que de la longue habitude qui peut seule façonner au ton facile de la société. Tous ces vieux académiciens, avec leurs costumes et leurs formes d’autrefois, leurs manières d’un autre monde, leur originalité qui fait quelquefois sourire, sont loin de représenter le ton a la mode ; mais ils représentent quelque chose de mieux, la délicatesse dans les choses de l’esprit, la finesse, le tact exquis, et ce qui vaut mieux encore, la science, la pensée, la philosophie. La séance a été présidée par M. Tocqueville, qui est cette année président de l’Académie française : il était assisté de MM. Villemain et Rémusat, le premier secrétaire perpétuel, le second chancelier de l’Académie. Le président a ouvert la séance par un discours ou plutôt un court préambule académique sur l’objet de la séance et le sens élevé du mot Institut, envisagé comme une création éminemment française. — Immédiatement après, il a donné lecture du rapport du concours Volney. L’imprimé qui accompagne cette lettre, et qui, j’espère, te parviendra sans encombre, me dispense de te donner sur ce point de plus longs