Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/196

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de la grâce. Ses relations avec madame la duchesse de Dino, et surtout avec sa fille, dont il avait fait l’éducation religieuse, sa parfaite entente avec M. de Quélen, les protections aristocratiques qui, dès le début de sa carrière, l’avaient entouré et l’avaient fait accepter dans tout le faubourg Saint-Germain comme quelqu’un qui en est, le désignaient pour une œuvre de tact mondain plutôt que de théologie, où il fallait savoir duper à la fois le monde et le ciel.

On prétend qu’au premier moment, surpris de quelques hésitations de la part de celui qui allait le convertir, M. de Talleyrand aurait dit : « Voilà un jeune prêtre qui ne sait pas son état. » S’il dit cela, il se trompa tout à fait. Ce jeune prêtre savait son art comme personne ne le sut jamais. Le vieillard, décidé à ne biffer sa vie que quand il n’aurait plus une heure à vivre, opposait à toutes les supplications un obstiné « Pas encore ! » le Sto ad ostium et pulso dut être pratiqué avec une rare habileté. Un évanouissement, une brusque accélération dans la marche de l’ago-