Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/203

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étaient ici le but, la fin, le terme de toute chose ; la faveur des gens du monde bien élevés devenait le suprême criterium du bien. De part et d’autre, absence complète de théologie. On se contentait de la révérer de loin. Les études théologiques de ces hommes distingués avaient été très faibles. Leur foi était vive et sincère ; mais c’était une foi implicite, ne s’occupant guère des dogmes qu’il faut croire. Ils sentaient le peu de succès qu’aurait la scolastique auprès du seul public dont ils se préoccupaient, le public mondain et assez frivole qu’a devant lui un prédicateur de Saint-Roch ou de Saint-Thomas d’Aquin.

C’est dans ces dispositions d’esprit que M. de Quélen remit entre les mains de M. Dupanloup l’austère et obscure maison de l’abbé Frère et d’Adrien De Bourdoise. Le petit séminaire de Paris n’avait été jusque-là, aux termes du concordat, que la pépinière des prêtres de Paris, pépinière bien insuffisante, strictement limitée à l’objet que la loi lui prescrivait. C’était bien autre chose que rêvait le nouveau supérieur porté par le choix de l’arche-