Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/260

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qui eut le droit de l’être le plus, s’y entoura de tous les beaux esprits du temps, et le petit Olympe d’Issy de Michel Bouteroue[1] est le tableau de cette cour, à laquelle ne manqua ni la gaieté ni l’esprit.


Je veux d’un excellent ouvrage,
Dedans un portrait racourcy,
Représenter le païsage
Du petit Olympe d’Issy,
Pourveu que la grande princesse,
La perle et fleur de l’univers,
A qui cest ouvrage s’addresse
Veuille favoriser mes vers.

Que l’ancienne poésie
Ne vante plus en ses écrits
Les lauriers du Daphné d’Asie
Et les beaux jardins de Cypris,
Les promenoirs et le bocage
Du Tempé frais et ombragé,
Qui parut lors qu’un marescage
En la mer se fust deschargé.

Qu’on ne vante plus la Touraine
Pour son air doux et gracieux,
Ny Chenonceaus, qui d’une reyne
Fut le jardin délicieux,
Ny le Tivoly magnifique
Où, d’un artifice nouveau,
Se faict une douce musique
Des accords du vent et de l’eau.

  1. Paris, 1609, in-12.