Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/263

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dits « articles d’Issy ». Plus loin, au fond d’une allée de grands arbres, près du petit cimetière de la compagnie, se voit une imitation intérieure de la Santa-Casa de Lorette, que la piété sulpicienne a choisie pour son lieu de prédilection et décorée de ces peintures emblématiques qui lui sont chères. Je vois encore la Rose mystique, la Tour d’ivoire, la Porte d’or, devant lesquelles j’ai passé de longues matinées en un demi-sommeil. Hortus conclusus, fons signatus, très bien figurés en des espèces de miniatures murales, me donnaient fort à rêver ; mais mon imagination, tout à fait chaste, restait dans une douce note de piété vague. Hélas ! Ce beau parc mystique d’Issy, je crois que la guerre et la Commune l’ont ravagé. Il a été, après la cathédrale de Tréguier, le second berceau de ma pensée.

Je passais des heures sous ces longues allées de charmes, assis sur un banc de pierre et lisant. C’est là que j’ai pris (avec bien des rhumatismes peut-être) un goût extrême de notre nature humide, automnale,