Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/285

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plaisait par son imagination ; mais la Philosophie de Lyon l’irritait ; il ne put s’accoutumer au pain bis de la scolastique ; il partit.

M. Cousin nous enchantait ; cependant Pierre Leroux, par son accent de conviction et le sentiment profond qu’il avait des grands problèmes, nous frappait plus vivement encore ; nous ne voyions pas bien l’insuffisance de ses études et la fausseté de son esprit. Mes lectures habituelles étaient Pascal, Malebranche, Euler, Locke, Leibnitz, Descartes, Reid, Dugald Stewart. Comme livres de piété, je lisais surtout les Sermons de Bossuet et les Élévations sur les mystères. Je connaissais aussi très bien François de Sales, par la continuelle lecture qu’on faisait au séminaire de ses œuvres et surtout du charmant livre que Pierre Camus a écrit sur son compte. Quant aux écrits d’une mysticité plus raffinée, tels que sainte Thérèse, Marie d’Agreda, Ignace de Loyola, M. Olier, je ne les lisais pas. M. Gosselin, comme je l’ai déjà dit, m’en dissuadait. Les Vies de saints écrites d’une façon trop exaltée lui déplaisaient également. Fénelon était sa règle et sa