Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/313

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côté du pétrole, la petite lampe inextinguible d’une piété tendre et absolument souveraine. Comme je n’avais pas en mon esprit ces sortes de cloisons étanches, le rapprochement d’éléments contraires qui, chez M. Le Hir, produisait une profonde paix intérieure, aboutit chez moi à d’étranges explosions.

II

En somme, malgré des lacunes, Saint-Sulpice, quand j’y passai il y a quarante ans, présentait un ensemble d’assez fortes études. Mon ardeur de savoir avait sa pâture. Deux mondes inconnus étaient devant moi, la théologie, l’exposé raisonné du dogme chrétien, et la bible, censée le dépôt et la source de ce dogme. Je m’enfonçai dans le travail. Ma solitude était plus grande encore qu’à Issy. Je ne connaissais pas une âme dans Paris. Je fus deux ans sans suivre d’autre rue que la