Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/316

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écrivains chrétiens de la première moitié du moyen âge ne songèrent à dresser une exposition systématique des dogmes chrétiens dispensant de lire la Bible avec suite. La Somme de saint Thomas d’Aquin, résumé de la scolastique antérieure, est comme un immense casier, qui, si le catholicisme est éternel, servira à tous les siècles : les décisions des conciles et des papes à venir y ayant leur place en quelque sorte d’avance étiquetée. Il ne peut être question de progrès dans un tel ordre d’exposition. Au XVIe siècle, le concile de Trente détermine une foule de points qui étaient jusque-là controversables ; mais chacun de ces anathèmes avait déjà sa rubrique ouverte dans l’immense cadre de saint Thomas. Melchior Canus et Suarès refont la Somme sans y rien ajouter d’essentiel. Au XVIIe et au XVIIIe siècle, la Sorbonne compose, pour l’usage des écoles, des traités commodes, qui ne sont le plus souvent que la Somme remaniée et amoindrie. Partout ce sont les mêmes textes découpés et séparés de ce qui les explique, les mêmes syllogismes triomphants, mais