Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/318

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n’y a plus de jansénisme, fut contre M. de Lamennais, le jour où cet exalté vint dire qu’il faut débuter, non par la raison, mais par la foi. Et qui reste juge en dernier lieu des titres de la foi, si ce n’est la raison ?

La théologie morale se compose d’une douzaine de traités, comprenant tout l’ensemble de la morale philosophique et du droit, complétés par la révélation et les décisions de l’Église. Tout cela fait une sorte d’encyclopédie très fortement enchaînée. C’est un édifice dont les pierres sont liées par des tenons en fer ; mais la base est d’une faiblesse extrême. Cette base, c’est le traité de la Vraie religion, lequel est tout à fait ruineux. Car non seulement on n’arrive pas à établir que la religion chrétienne soit plus particulièrement que les autres divine et révélée, mais on ne réussit pas à prouver que, dans le champ de la réalité attingible à nos observations, il se soit passé un événement surnaturel, un miracle. L’inexorable phrase de M. Littré : « Quelque recherche qu’on ait faite, jamais un miracle ne s’est produit là où il pouvait être observé et constaté, » cette phrase,