Page:Renan - Souvenirs d’enfance et de jeunesse.djvu/398

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d’exister est corrigé par les sacrifices que je crois avoir faits au bien public. J’ai toujours été aux ordres de mon pays ; sur un signe, en 1869, je me mis à sa disposition. Peut-être lui aurais-je rendu quelques services ; il ne l’a pas cru ; je suis en règle. Je n’ai jamais flatté les erreurs de l’opinion ; je n’ai pas manqué une seule occasion d’exposer ces erreurs, jusqu’à en paraître aux superficiels un mauvais patriote. On n’est pas obligé au charlatanisme ni au mensonge pour obtenir un mandat dont la première condition est l’indépendance et la sincérité. Dans les malheurs publics qui pourront venir, j’aurai donc ma conscience tout à fait en repos.

Tout pesé, si j’avais à recommencer ma vie, avec le droit d’y faire des ratures, je n’y changerais rien. Les défauts de ma nature et de mon éducation, par suite d’une sorte de providence bienveillante, ont été atténués et réduits à être de peu de conséquence. Un certain manque apparent de franchise dans le commerce de la vie m’est pardonné par mes amis, qui mettent cela sur le compte de mon