faisait qu’exciter l’imagination de la pauvre enfant. L’amour chez elle devint culte, adoration pure, exaltation. Elle trouvait ainsi un repos relatif. Son imagination se portait vers des jeux inoffensifs ; elle voulait se dire qu’elle travaillait pour lui, qu’elle était occupée à faire quelque chose pour lui. Elle était arrivée à rêver éveillée, à exécuter comme une somnambule des actes dont elle n’avait qu’une demi-conscience. Nuit et jour, elle n’avait plus qu’une pensée ; elle se figurait le servant, le soignant, comptant son linge, s’occupant de ce qui était trop au-dessous de lui pour qu’il y pensât. Toutes ces chimères arrivèrent à prendre un corps et l’amenèrent à un acte étrange qui ne peut être expliqué que par l’état de folie où elle était décidément depuis quelque temps. »
Ce qui suit, en effet, serait incompréhensible, si l’on ne tenait compte de certains traits du caractère breton. Ce qu’il y a de plus particulier chez les peuples de race bretonne, c’est l’amour. L’amour est chez eux un sentiment tendre, profond, affectueux, bien plus qu’une