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rismes qui ont avec les siens beaucoup d’analogie. Par sa pauvreté humblement supportée, par la douceur de son caractère, par l’opposition qu’il faisait aux hypocrites et aux prêtres, Hillel fut le maître de Jésus[1], s’il est permis de parler de maître quand il s’agit d’une si haute originalité.

La lecture des livres de l’Ancien Testament fit sur lui beaucoup plus d’impression. Le canon des livres saints se composait de deux parties principales, la Loi, c’est-à-dire le Pentateuque, et les Prophètes, tels que nous les possédons aujourd’hui. Une vaste exégèse allégorique s’appliquait à tous ces livres et cherchait à en tirer ce qui n’y est pas, mais ce qui répondait aux aspirations du temps. La Loi, qui représentait, non les anciennes lois du pays, mais bien les utopies, les lois factices et les fraudes pieuses du temps des rois piétistes, était devenue, depuis que la nation ne se gouvernait plus elle-même, un thème inépuisable de subtiles interprétations. Quant aux Prophètes et aux Psaumes, on était persuadé que presque tous les traits un peu mystérieux de ces livres se rapportaient au Messie, et l’on y cherchait d’avance le type de celui qui devait réaliser les espé-

  1. Pirké Aboth, ch. i et ii ; Talm. de Jérus., Pesachim, vi, 1 : Talm. de Bab., Pesachim, 66 a ; Schabbath, 30 b et 31 a ; Joma, 35 b.