Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/170

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de terribles calamités. Dahak (le Satan de la Perse) rompra les fers qui l’enchaînent et s’abattra sur le monde. Deux prophètes viendront consoler les hommes et préparer le grand avénement[1]. Ces idées couraient le monde et pénétraient jusqu’à Rome, où elles inspiraient un cycle de poëmes prophétiques, dont les idées fondamentales étaient la division de l’histoire de l’humanité en périodes, la succession des dieux répondant à ces périodes, un complet renouvellement du monde, et l’avénement final d’un âge d’or[2]. Le livre de Daniel, certaines parties du livre d’Hénoch et des livres sibyllins[3], sont l’expression juive de la même théorie. Certes, il s’en faut que ces pensées fussent celles de tous. Elles ne furent d’abord embrassées que par quelques personnes à l’imagination vive et portées vers les doctrines étrangères. L’auteur étroit et sec du livre d’Esther n’a jamais pensé au reste du monde que pour le dédaigner et lui vouloir du mal[4]. L’épicu-

  1. Yaçna, xii, 24 ; Théopompe, dans Plut., De Iside et Osiride, § 47 ; Minokhired, passage publié dans la Zeitschrift der deutschen morgenlændischen Gesellschaft, I, p. 163.
  2. Virg., Égl. iv ; Servius, sur le v. 4 de cette églogue ; Nigidius, cité par Servius, sur le v. 10.
  3. Carm. sibyll., livre III, 97-817.
  4. Esther, vi, 13 : vii, 10 ; viii, 7, 11-17 ; ix, 1-22. Comparez dans les parties apocryphes : ix, 10-11 ; xiv, 13 et suiv. ; xvi, 20. 24.