Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/238

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nées de Dieu, plus fermées à la vie que la pente rocailleuse qui forme le bord occidental de la mer Morte. On crut que, pendant le temps qu’il passa dans cet affreux pays, il avait traversé de terribles épreuves, que Satan l’avait effrayé de ses illusions ou bercé de séduisantes promesses, qu’ensuite les anges, pour le récompenser de sa victoire, étaient venus le servir[1].

Ce fut probablement en sortant du désert que Jésus apprit l’arrestation de Jean-Baptiste. Il n’avait plus de raisons désormais de prolonger son séjour dans un pays qui lui était à demi étranger. Peut-être aussi craignait-il d’être enveloppé dans les sévérités qu’on déployait à l’égard de Jean, et ne voulait-il pas s’exposer, en un temps où, vu le peu de célébrité qu’il avait, sa mort ne pouvait servir en rien au progrès de ses idées. Il regagna la Galilée[2], sa vraie patrie, mûri par une importante expérience et ayant puisé dans ses rapports avec un grand

  1. Matth., iv, 1 et suiv. ; Marc, i, 12-13 ; Luc, iv, 1 et suiv. Certes, l’analogie frappante que ces récits offrent avec des légendes du Vendidad (farg. xix) et du Lalitavistara (ch. xvii, xviii, xxi) porterait à ne voir qu’un mythe dans ce séjour au désert. Mais le récit maigre et concis de Marc, qui représente ici évidemment la rédaction primitive, suppose un fait réel, qui, plus tard, a fourni le thème de développements légendaires.
  2. Matth., iv, 12 ; Marc, i, 14 ; Luc, iv, 14 ; Jean, iv, 3.