Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/286

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un grand mécontentement contre Jacques et Jean[1]. La même rivalité semble poindre dans l’Évangile attribué à Jean ; on y voit le narrateur supposé déclarer sans cesse qu’il a été le « disciple chéri » auquel le maître mourant a confié sa mère, en même temps qu’il cherche à se placer près de Simon Pierre, parfois à se mettre avant lui, dans des circonstances importantes où les évangélistes plus anciens l’avaient omis[2].

Parmi les personnages qui précèdent, ceux dont on sait quelque chose avaient, à ce qu’il paraît, commencé par être pêcheurs. Dans un pays de mœurs simples, où tout le monde travaillait, cette profession n’avait pas l’extrême humilité que les déclamations des prédicateurs y ont attachée, pour mieux relever le miracle des origines chrétiennes. En tout cas, aucun des disciples n’appartenait à une classe sociale élevée. Seuls, un certain Lévi, fils d’Alphée, et peut-être l’apôtre Matthieu, avaient été publicains[3]. Mais ceux à qui on donnait ce nom en

  1. Marc, x, 41.
  2. Jean, xviii, 15 et suiv. ; xix, 26-27 ; xx, 2 et suiv. ; xxi, 7, 21. Comp. i, 35 et suiv., où le disciple innomé est probablement Jean.
  3. Matth., ix, 9 ; x, 3 ; Marc, ii, 14 ; iii, 18 ; Luc, v, 27 ; vi, 15 ; Act., i, 13 ; Évangile des ébionim, dans Épiph., Adv. hær., xxx,