Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/294

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« Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice ; car le royaume des cieux est à eux[1]. »

Sa prédication était suave et douce, toute pleine de la nature et du parfum des champs. Il aimait les fleurs et en prenait ses leçons les plus charmantes. Les oiseaux du ciel, la mer, les montagnes, les jeux des enfants, passaient tour à tour dans ses enseignements. Son style n’avait rien de la période grecque, mais se rapprochait beaucoup plus du tour des parabolistes hébreux, et surtout des sentences des docteurs juifs, ses contemporains, telles que nous les lisons dans les Pirké Aboth. Ses développements avaient peu d’étendue, et formaient des espèces de surates à la façon du Coran, lesquelles cousues ensemble ont composé plus tard ces longs discours qui furent écrits par Matthieu[2]. Nulle transition ne liait ces pièces diverses ; d’ordinaire cependant, une même inspiration les pénétrait et en faisait l’unité. C’est surtout dans la parabole que le maître excellait. Rien dans le judaïsme ne lui avait donné le modèle de ce genre délicieux[3]. C’est lui qui l’a créé. Il est

  1. Matth., v, 3-10 ; Luc, vi, 20-25.
  2. C’est ce qu’on appelait les Λόγια κυριακά. Papias, dans Eusèbe, H. E., III, 39.
  3. L’apologue, tel que nous le trouvons, Juges, ix, 8 et suiv., II Sam., xii, 1 et suiv., n’a qu’une ressemblance de forme avec la