Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/319

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comme Savonarole, les faisait peut-être servir d’instruments à des missions pieuses ; il était bien aise de voir ces jeunes apôtres, qui ne le compromettaient pas, se lancer en avant et lui décerner des titres qu’il n’osait prendre lui-même. Il les laissait dire, et, quand on lui demandait s’il entendait, il répondait d’une façon évasive que la louange qui sort de jeunes lèvres est la plus agréable à Dieu[1].

Il ne perdait aucune occasion de répéter que les petits sont des êtres sacrés[2], que le royaume de Dieu appartient aux enfants[3], qu’il faut devenir enfant pour y entrer[4], qu’on doit le recevoir en enfant[5], que le Père céleste cache ses secrets aux sages et les révèle aux petits[6]. L’idée de ses disciples se confond presque pour lui avec celle d’enfants[7]. Un jour qu’ils avaient entre eux une de ces querelles de préséance qui n’étaient point rares, Jésus prit un enfant, le mit au milieu d’eux, et leur dit : « Voilà

    en agitant les palmes. Mischna, Sukka, iii, 9. Cet usage existe encore chez les israélites.

  1. 1. Matth., xxi, 15-16.
  2. Ibid., xviii, 5, 10, 14 ; Luc, xvii, 2.
  3. Matth., xix, 14 ; Marc, x, 14 ; Luc, xviii, 16.
  4. Matth., xviii, 1 et suiv. ; Marc, ix, 33 et suiv. ; Luc, ix, 46.
  5. Marc, x, 15.
  6. Matth., xi, 25 ; Luc, x, 21.
  7. Matth., x, 42 ; xviii, 5, 14 ; Marc, ix, 36 ; Luc, xvii, 2.