Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/324

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tourmentée par la seule fin qui fût digne d’elle.

Les dispositions indulgentes qu’Antipas avait d’abord montrées pour Jean ne purent être de longue durée. Dans les entretiens que, selon la tradition chrétienne, Jean aurait eus avec le tétrarque, il ne cessait de répéter à celui-ci que son mariage était illicite et qu’il devait renvoyer Hérodiade[1]. On s’imagine facilement la haine que la petite-fille d’Hérode le Grand dut concevoir contre ce conseiller importun. Elle n’attendit plus qu’une occasion pour le perdre.

Sa fille Salomé, née de son premier mariage, et comme elle ambitieuse et dissolue, entra dans ses desseins. Cette année (probablement l’an 30), Antipas se trouva, le jour anniversaire de sa naissance, à Machéro. Hérode le Grand avait fait construire dans l’intérieur de la forteresse un palais magnifique[2], où le tétrarque résidait fréquemment. Il y donna un grand festin, durant lequel Salomé exécuta une de ces danses de caractère qu’on ne considère pas en Syrie comme messéantes à une personne distinguée. Antipas charmé ayant demandé à la danseuse ce qu’elle désirait, celle-ci répondit, à l’insti-

  1. Matth., xiv, 4 et suiv. ; Marc, vi, 18 et suiv. ; Luc, iii, 19.
  2. Jos., De bello jud., VII, vi, 2.