Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/411

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une foule de gens ne la connaissaient pas, ou n’y croyaient pas[1]. Elle était de foi pour les pharisiens et pour les adeptes fervents des croyances messianiques[2]. Jésus l’accepta sans réserve, mais toujours dans le sens le plus idéaliste. Plusieurs se figuraient que, dans le monde des ressuscités, on mangerait, on boirait, on se marierait. Jésus admet bien dans son royaume une pâque nouvelle, une table et un vin nouveau[3] ; mais il en exclut formellement le mariage. Les sadducéens avaient à ce sujet un argument grossier en apparence, mais dans le fond assez conforme à la vieille théologie. On se souvient que, selon les anciens sages, l’homme ne se survivait que dans ses enfants. Le code mosaïque avait consacré cette théorie patriarcale par une institution bizarre, le lévirat. Les sadducéens tiraient de là des conséquences subtiles contre la résurrection. Jésus y échappait en déclarant formellement que dans la vie éternelle la différence de sexe n’existerait plus, et que l’homme serait semblable aux anges[4]. Quelque-

  1. Marc, ix, 9 ; Luc, xx, 27 et suiv.
  2. Dan., xii, 2 et suiv. ; II Macch., chap. vii entier ; xii, 45-46 ; xiv, 46 ; Act., xxiii, 6, 8 ; Jos., Ant., XVIII, i, 3 ; B. J., II, viii, 14 ; III, viii, 5
  3. Matth., xxvi, 29 ; Luc, xxii, 30.
  4. Matth., xxii, 24 et suiv. ; Luc, xx, 34-38 ; Évangile ébionite