Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/443

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gueur extrême. Il ne voulait pas d’à peu près. On dirait un « ordre » constitué par les règles les plus austères. Fidèle à sa pensée que les soucis de la vie troublent l’homme et l’abaissent, Jésus exige de ses associés un entier détachement de la terre, un dévouement absolu à son œuvre. Ils ne doivent porter avec eux ni argent, ni provisions de route, pas même une besace, ni un vêtement de rechange. Ils doivent pratiquer la pauvreté absolue, vivre d’aumônes et d’hospitalité. « Ce que vous avez reçu gratuitement, transmettez-le gratuitement[1], » disait-il en son beau langage. Arrêtés, traduits devant les juges, qu’ils ne préparent pas leur défense ; l’avocat céleste leur inspirera ce qu’ils doivent dire. Le Père leur conférera d’en haut son Esprit. Cet Esprit sera le principe de tous leurs actes, le directeur de leurs pensées, leur guide à travers le monde[2]. Chassés d’une ville, qu’ils secouent sur elle la poussière de leurs souliers, en lui donnant acte toutefois, pour qu’elle ne puisse alléguer son ignorance, de la proximité du royaume de Dieu. « Avant que vous ayez épuisé, ajoutait-il, les villes d’Israël, le Fils de l’homme apparaîtra. »

  1. Matth., x, 8. Comp. Midrasch Ialkout, Deutéron., sect. 824.
  2. Matth., x, 20 ; Jean, xiv, 16 et suiv., 26 ; xv, 26 ; xvi, 7, 13.