les cailloux ; le « pharisien front sanglant » (kizaï), qui allait les yeux fermés pour ne pas voir les femmes, et se choquait le front contre les murs, si bien qu’il l’avait toujours ensanglanté ; le « pharisien pilon » (medoukia), qui se tenait plié en deux comme le manche d’un pilon ; le « pharisien fort d’épaules » (schikmi), qui marchait le dos voûté comme s’il portait sur ses épaules le fardeau entier de la Loi ; le « pharisien Qu’y a-t-il à faire ? Je le fais », toujours à la piste d’un précepte à accomplir. On y ajoutait quelquefois le « pharisien teint », pour lequel tout l’extérieur de la dévotion n’était qu’un vernis d’hypocrisie[1]. Ce rigorisme, en effet, n’était souvent qu’apparent et cachait en réalité un grand relâchement moral[2]. Le peuple néanmoins en était dupe. Le peuple, dont l’instinct est toujours droit, même quand il s’égare le plus fortement sur les questions de personnes, est très-facilement trompé par les faux dé-
- ↑ Mischna, Sota, iii, 2 ; Talm. de Jérusalem, Berakoth, ix, sub fin. ; Sota, v, 7 ; Talm. de Babylone, Sota, 22 b. Les deux rédactions de ce curieux passage offrent de sensibles différences. Nous avons suivi presque partout la rédaction de Babylone, qui semble la plus naturelle. Cf. Épiph., Adv. hær., xvi, 1. Les traits d’Épiphane et plusieurs de ceux du Talmud peuvent, du reste, se rapporter à une époque postérieure à Jésus, époque où « pharisien » était devenu synonyme de « dévot ».
- ↑ Matth., v, 20 ; xv, 4 ; xxiii, 3, 16 et suiv. ; Jean, viii, 7 ; Jos., Ant., XII, ix, 1 ; XIII, x, 5.