faits de ce genre[1]. « Si quelqu’un des morts ressuscitait, disaient sans doute les pieuses sœurs, peut-être les vivants feraient-ils pénitence. — Non, devait répondre Jésus, quand même un mort ressusciterait, ils ne croiraient pas[2]. » Rappelant alors une histoire qui lui était familière, celle de ce bon pauvre, couvert d’ulcères, qui mourut et fut porté par les anges dans le sein d’Abraham[3] : « Lazare reviendrait, pouvait-il ajouter, qu’on ne le croirait pas. » Plus tard, il s’établit à ce sujet de singulières méprises. L’hypothèse fut changée en un fait. On parla de Lazare ressuscité, de l’impardonnable obstination qu’il avait fallu pour résister à un tel témoignage. Les « ulcères » de Lazare et la « lèpre » de Simon le Lépreux, se confondirent[4], et il fut admis dans une partie de la tradition que Marie et Marthe eurent un frère
- ↑ Matth., ix, 18 et suiv. ; Marc, v, 22 et suiv. ; Luc, vii, 11 et suiv. ; viii, 41 et suiv.
- ↑ Luc, xvi, 30-31.
- ↑ Il est probable que ce personnage allégorique de Lazare (אלעזר, « celui que Dieu secourt, » ou לא ־ עזר « celui qui n’a pas de secours »), désignant le peuple d’Israël (« le pauvre » aimé de Dieu, selon une expression familière aux prophètes et aux psalmistes), était consacré avant Jésus par quelque légende populaire ou dans quelque livre maintenant perdu.
- ↑ Remarquez combien la suture du verset Luc, xvi, 23 est peu naturelle. On sent là une de ces fusions d’éléments divers qui sont familières à Luc. Voir ci-dessus, Introduction, p. lxxxv.